Après discussion avec nos adhérent⋅e⋅s dans le secteur travail administratif et secrétariat du CHUV, notre secrétariat fédéral a reçu mandat de prendre contact avec l’employeur par votre intermédiaire.
Ce courrier a pour but de vous exposer l’analyse que nous faisons de la situation, de présenter un certain nombre de revendications qui nous sont propres et de vous demander très instamment que notre syndicat soit intégré dans la poursuite des négociations sur cet objet, et ce selon les dispositions légales qui règlent la question de la représentativité syndicale et de la participation aux négociations.
Par ailleurs, nos adhérent⋅e⋅s de ce secteur d’activité au CHUV et notre secrétariat fédéral estiment que nous nous trouvons devant une situation de confusion pour ce qui est du statut et de la classification du personnel d’administration et de secrétariat. Celle-ci appelle quelques mises au point.
Dans le cadre des démarches entreprises pour la revalorisation du personnel administratif, entamées début 2012, le point 4 du protocole d’accord établi entre la délégation et la DG proposait un changement de classe automatique selon l’ancienneté (cliquet), après sept ans pour les secrétaires de desk en classe 4, neuf ans pour les secrétaires médicales en classe 5, onze ans pour celles en classe 6, classification variable proportionnellement au grade des médecins qui emploient les salariées concernées, et en fonction des services, pour effectuer pourtant des tâches semblables.
Le cliquet est d’ailleurs le point d’achoppement qui a fait reculer le Chef du département, M. P.-Y. Maillard, face au refus du Conseil d’Etat.
Dans les nouvelles méthodes managériales instaurées dans certains départements du CHUV à la vitesse grand V, les classifications vont s’uniformiser en penchant évidemment vers le bas. En effet, le travail varié d’une secrétaire qui accomplissait toutes les tâches inhérentes à un secrétariat (ouverture et distribution du courrier, organisation des rendez-vous, accueil des patient-e-s, frappe du courrier comprenant tous types de documents : rapports aux médecins, rapports aux assurances, protocoles des gestes techniques) est désormais «dispatché» entre plusieurs secrétaires, situées géographiquement parfois dans des bâtiments différents. Elles ne tiennent alors plus qu’un petit bout d’une tâche, passent d’une fonction à une autre. Souvent, la classification n’est pas pareille dans ces diverses fonctions.
Ces secrétaires sont déconnectées du suivi des dossiers et empruntées pour renseigner un⋅e patient⋅e sur les différents aspects de sa prise en charge. Ces éléments sont satellisés en plusieurs endroits, selon qu’il s’agisse d’une question d’ordre assécurologique, de rendez-vous, de suite de traitement, etc. Par contre cela permet de confier des tâches, initialement attribuées à une secrétaire de professeur en classe 7, à une modeste secrétaire d’Unité qui n’ose pas demander sa part du gâteau. Inutile de préciser que cela renforce le pouvoir des administrateurs, du directeur au manager de proximité, qui «gèrent et organisent» le travail des secrétaires selon les besoins momentanés du service (en fonction des maladies pour raison professionnelle notamment). Précisons qu’en cela Monsieur le Professeur et Directeur général est cohérent car il attribue toutes les tâches de son secrétariat clinique à sa propre secrétaire. Il serait bienvenu par contre qu’il intervienne auprès de la DRH afin que celle-ci veille à ce que des secrétaires sans titre bénéficient d’un traitement adéquat lorsqu’elles se voient confier des tâches par des médecins cadres et professeurs.
En favorisant la standardisation du personnel administratif conduit par des managers de proximité souvent moins bien expérimenté⋅e⋅s et formé⋅e⋅s que leurs subordonné⋅e⋅s dans l’accomplissement des tâches administratives, on peut craindre que la qualité de l’accueil des patient⋅e⋅s et le traitement de leur dossier souffrent de la démotivation des secrétaires, dont l’engagement personnel et le sens du service – notions qui ne sont pas prescrites, ne font pas l’objet d’une procédure, ne sont pas comptabilisées sur des tableaux indicateurs et ne sont pas valorisées. C’est aussi pour cette raison qu’il faudrait reconnaître l’ancienneté dans la branche uniquement, où la personne a acquis des compétences techniques et relationnelles particulières, de même qu’un avocat ou un notaire précisent dans leurs offres d’emploi «avec expérience dans la branche». Parallèlement à la chaîne de progression dans la «filière hiérarchique», il faut donc veiller à maintenir la possibilité de progresser dans la «filière technique», qui tient compte de la complexité des tâches accomplies par l’employé⋅e, et lui permet de passer aux classes 6 (secrétaire de médecin chef), 7 (secrétaire de prof.), 8 (secrétaire de chef de service ou de professeur si conduite de personnel). La classe 9 est réservée au haut de l’échelon à la secrétaire du Directeur général.
Par la reconnaissance des années d’expérience acquises hors CHUV, on éviterait que les compétences managériales priment sur les qualifications professionnelles et la pratique du métier des secrétaires confirmées. Le paradoxe est que le CHUV est un établissement universitaire, qui souvent discrimine les secrétaires disposant d’un certain niveau de réflexion.
Or, la Direction générale et le Conseiller d’Etat ont décidé de ne prendre en compte que les années effectuées au CHUV et aux hôpitaux affiliés (PMU, Hôpital ophtalmique) ou devenus totalement intégrés (Hôpital de l’enfance, Hôpital orthopédique, Prangins, bientôt Clinique Longeraie, etc.) pour évaluer l’ancienneté des collaborateurs/trices et réévaluer leur classification.
Les minorités n’ayant pas forcément tort, les rares secrétaires qui avaient voté blanc à ce protocole d’accord lors d’une Assemblée générale du personnel administratif s’étaient fait les porte-parole de leurs (trop) nombreuses collègues absentes lors des assemblées: celles qui ont pratiqué leur métier d’assistante ou secrétaire médicale en cabinet, clinique, hôpital régional, de zone, périphérique, etc., où les compétences professionnelles s’acquièrent tout aussi bien que dans un grand établissement où l’on pratique la parcellisation des tâches qui fait perdre l’autonomie, la créativité et le sens des responsabilités.
Nos revendications
- Nous demandons la reconnaissance de l’intégralité de l’expérience du travail de secrétariat dans le domaine médical et hospitalier, au sein ou hors du CHUV.
- Nous demandons, en cas d’interruption du cursus professionnel, que toutes les périodes de travail soient comptabilisées pour fixer l’ancienneté et l’expérience et que les personnes concernées soient mises, sur cette base, au bénéfice des classifications et des conditions salariales énoncées plus haut.
- Nous demandons que la classe 5 soit attribuée comme classe plancher à tout travail administratif ou de secrétariat impliquant un CFC et qu’en particulier les gestionnaires de dossier bénéficient toutes et tous au minimum de ce niveau 5.
- Nous demandons une recomposition du travail administratif et de secrétariat permettant une activité intégrée et qualifiante pour les métiers concernés et non l’extension de démarches de parcellisation et de surspécialisation des activités.
Lorsque le nouvel Hôpital de Rennaz s’ouvrira, de quelle ancienneté pourra se prévaloir la secrétaire partie du CHUV?
Sur cette dernière question et en vous rappelant notre disponibilité à vous rencontrer pour débattre de nos revendications, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Directeur des ressources humaines, nos salutations distinguées.
Secrétariat fédéral de SUD