Télécharger la pétition en PDF à renvoyer, jusqu’au 30 novembre 2022, à Collectif “Stop à la fuite en Avant”, c/o SSP, Av. Louis-Ruchonnet 45, Case postale 1324, 1003 Lausanne ou à signer en ligne jusqu’au 30 novembre 2022.
Le projet d’éducation numérique, actuellement déployé dans les écoles vaudoises, est présenté comme une éducation au numérique et par le numérique (Ce projet est piloté par le centre LEARN de l’EPFL sur mandat du DFJC). Après une phase pilote initiée en 2018, il est en passe d’être généralisé selon un calendrier différent selon les cycles. En effet, actuellement, plus de 20’000 élèves utiliseraient les écrans comme outil pédagogique. Cette politique de transformation numérique du système éducatif est financée par une enveloppe de 30 millions de francs allouée par le Grand Conseil en 2019 (pour les périodes 2020 à 2022). À ce jour, les intentions, au-delà de la fourniture de matériel, ne sont pas clairement définies.
Or, s’il paraît légitime d’éduquer les jeunes au numérique (en les sensibilisant aux possibilités et aux dangers de celui-ci en les dotant d’outils critiques, théoriques et pratiques), l’apprentissage par le numérique (via un ordinateur ou une tablette par exemple) suscite de nombreuses inquiétudes. Quelle est la plus-value pédagogique de l’enseignement par le numérique dans ce cadre, sachant que des études montrent que l’utilisation du numérique en classe semble liée à une chute des performances scolaires? (Voir notamment le rapport de l’OCDE, Connectés pour apprendre). Et qu’on ne cesse d’ajouter des missions à l’école sans définir des priorités claires.
Par ailleurs, une exposition fréquente et prolongée aux écrans est associée à des risques sanitaires et psychosociaux chez les jeunes (dépendance, altération des relations entre les individus…; voir par exemple : Desmurget, M. (2019). La fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants. Seuil). D’autre part, l’impact de ces nouvelles technologies sur l’environnement est désastreux (voir par exemple: The Shift Project (2018). Lean ICT. Pour une sobriété numérique). Finalement, la dépendance de l’école aux géants des nouvelles technologies est problématique (souveraineté, protection des données…).
Au vu de ces écueils, il nous paraît déraisonnable de poursuivre cette fuite en avant dans le numérique. La présente pétition exige un moratoire, soit un gel de la généralisation du projet. Dans l’intervalle, nous exigeons un processus d’évaluation indépendant et démocratique mené par des enseignant·e·s ainsi que par d’autres expert·e·s (pédiatres, logopédistes, psychologues, éducateurs·rices, psychomotricien·nes, expert·es en environnement, éthicien·nes…) et basé sur les expériences du terrain ainsi que sur la littérature scientifique.
Ce processus d’évaluation prendra notamment en compte :
- les avantages et inconvénients pédagogiques du numérique sur les apprentissages
- l’impact sur la santé des élèves et leur sociabilité
- l’impact environnemental
- l’indépendance par rapport aux géants du numérique
- la sécurité des utilisateur·rices
Si les bénéfices pédagogiques devaient s’avérer inférieurs aux coûts et aux risques sociaux, sanitaires et environnementaux, nous exigerions l’abandon du projet Éducation numérique tel qu’il est envisagé.
Premiers signataires
Valérie d’Acremont, médecin spécialiste en santé numérique et globale, prof. UNIL– Daniela Cerqui, anthropologue, enseignante UNIL – Sophie Conne, enseignante spécialisée, vice-présidente SPV – Anne-Sophie Corbaz, logopédiste ARLD-SUD – Mouna Cuche, enseignante au gymnase, membre du SSP – Daniel Curnier, docteur en sciences de l’environnement – Solweig Dénéréaz, enseignante primaire, membre du SSP – Camille Dupertuis, enseignante généraliste, vice-présidente SPV – Gregory Durand, président SPV – Nadège Evans, enseignante en école professionnelle, membre du SSP, Xénia Gutknecht, logopédiste ARLD-SUD – Françoise Emmanuelle Nicolet, enseignante au gymnase, présidente de l’AVMG-SUD – José Daniel Pernas, enseignant professionnel, président du SVMEP-SUD – Gilles Pierrehumbert, enseignant secondaire I, président de la SVMS-SUD –Nicolas Rossi, enseignant au gymnase, REPE – Mohina Vaswani, Psychomotricité Suisse-SUD
Pétition soutenue par
- Réseau vaudois des enseignant·e·s pour l’environnement (REPE)
- Société pédagogique vaudoise (SPV)
- SUD-Éducation
- Syndicat des services publics – Vaud (SSP) Groupe enseignement
La SPV, le SSP-Enseignement et SUD-Education avaient écrit en décembre 2021 au DFJC pour adresser une série de questions précises sur la mise en oeuvre du plan numérique pour l’école.
Télécharger le Bulletin 2-2021 de la SVMS-SUD sur la numérisation de l’école vaudoise. (août 2021) et le communiqué de presse du 17 août 2021.
Pour mémoire, la SVMS a remis vendredi 19 février 2021 la pétition pour une indemnité de 2000.- au libre achat de matériel informatique ! munie de 2’802 signatures. C’était un important succès pour cette action coordonnée par la SVMS et les organisations SUD-Education (AVMG, SVMEP) et soutenue par la SPV et le SSP-Enseignement. Cette pétition reprenait une revendication déjà formulée la SVMS pour une indemnité quinquennale de CHF 2’000.- pour l’achat de matériel informatique et numérique. Nous sommes et nous serons toujours contraint.e.s d’utiliser notre matériel privé (ordinateur, téléphone) pour travailler, COVID-19 et enseignement à distance ou pas d’ailleurs. Il est donc juste que l’employeur contribue à nos frais.
Avant cela, la CIIP avait mis en consultation en automne le chapitre sur le numérique du Plan d’étude romand. La SVMS avait pris position. Auparavant, SUD-Education avait pris position sur l’enseignement à distance au post-obligatoire. La SVMS avait également produit quelques considérations de la SVMS sur Office 365.
Sur l’école et le numérique, on peut lire et relire la Lettre des gymnase n° 79 sur « Le climat, les écrans et les claviers bien tempérés. » On lira aussi toujours avec intérêt la Lettre des gymnases n° 78 « Aux arriérés du numérique et à la nouvelle ministre du temps libre » et « La formation numérique, un Cheval de Troie: vers un formatage des institutions dans une école sans enseignants? » par Peter Hensinger, paru dans Horizons et débats en juillet 2017. On regardera aussi avec intérêt la conférence d’Alain Damasio.