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Grève victorieuse des agent·es de nettoyage avec la CNT-SO France (ARS PACA)

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Partout en France, et pour cette lutte à Marseille, des travailleuses ont brisé par la lutte un destin de domination et de précarité. Elles ont fait bouger, par leur courage la ligne du possible. C’est l’histoire des grèves et des mobilisations des nettoyeuses et des femmes de chambre, souvent sous-traité·es. Soumises à deux patrons, les donneurs d’ordre et les entreprises qui délocalisent et organisent la précarité à leurs services. ARS, c’est la lutte exemplaire contre une telle situation. Un groupe de travailleurs·euses y démontre comment durant des semaines ils·elles ont lutté pour faire reconnaître leurs droits et pour chasser l’entreprise prestataire de service qui les exploitait au service du donneur d’ordre, entité étatique d’ailleurs. Une histoire résolument moderne d’un syndicalisme de base.

Depuis de nombreuses années, de nombreux employeurs sous-traitants se sont succédés sur le site de l’Agence régionale de Santé (ARS). En 2022, la société LASER a repris le chantier et est devenue l’employeur de l’équipe sur place, marquant une nette dégradation des conditions de travail. Dans une logique de diminution des coûts, le personnel a été réduit et les heures de travail allouées aux salarié·es restant sur le site n’ont pas été augmentées. Les agent·es ont fait face à une importante surcharge de travail et les responsables de LASER accroissaient la pression sur les salarié·es pour combler leur mauvaise gestion. Et pour couronner le tout, les heures supplémentaires effectuées n’étaient pas rémunérées.

Le 21 mars 2022, les salarié·es ont alerté leur employeur par l’intermédiaire de la CNT-SO. Au lieu de trouver une solution, la société LASER a choisi de muter le chef d’équipe, qui était jugé trop proche de son équipe ! Comme souvent ; l’employeur a choisi la division et la répression pour mieux asseoir sa gestion complètement désastreuse. Les agent·es, avec la ferme intention de ne plus se laisser faire, se sont organisé·es syndicalement avec la CNT-SO pour résister collectivement et initier une grève le 29 mars 2022 ! Par la grève, ils·elles ont revendiqué : l’augmentation des effectifs sur le site et la baisse de la charge de travail, l’abandon de la mutation du chef d’équipe, le paiement immédiat de toutes les heures travaillées.

LASER : la répression et le mépris comme normes dans ses relations avec les salarié·es

Fidèles à leurs pratiques, les patrons-voyous de LASER ont joué le pourrissement en réprimant les grévistes. L’employeur a prétendu initier une soi-disant négociation, avec présence d’un huissier, où évidemment rien n’a été proposé : cette réunion ne visait qu’à intimider les grévistes. La manœuvre ayant échouée, une équipe de briseurs de grève, dépêchée par l’employeur pour remplacer les grévistes, a multiplié les provocations envers le piquet de grève : de l’insulte au doigt d’honneur…

LASER est allé encore plus loin avec la menace d’entretiens disciplinaires pour les grévistes pouvant aller jusqu’au licenciement ! Mais malgré la répression et les intimidations, le mouvement a continué ! L’entreprise reprochait par exemple à un camarade gréviste, Kader, de soi-disant violences et entraves envers l’équipe envoyée par LASER pour remplacer les grévistes. Ces accusations étaient évidemment mensongères et le syndicat CNT-SO était prêt à défendre et a défendu le camarade dans ce dossier qui ne tenait ni sur le fond ni sur la forme mais visait à intimider et afficher son mépris des travaileurs·euses et du code du travail !

Après 45 jours de grève, l’intégralité des grévistes a fini sous le coup de procédures disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement. Sans fondements, une partie des entretiens disciplinaires individualisés visaient à charger notre camarade Kader. Cette stratégie patronale était vouée à l’échec face à la résistance toujours aussi déterminée de l’équipe syndicale et un soutien extérieur grandissant. Les initiatives de solidarité se sont multipliées (événements festifs, collectes, ventes…) notamment pour remplir la caisse de grève qui a permis de compenser les pertes de salaires et de tenir tant que les exploiteurs de LASER n’avait pas plié ! En effet, la caisse de grève s’est révélée essentielle. Les grévistes ont saisi toutes les occasions de se montrer et de la remplir : sur le piquet devant l’ARS tous les après-midis, mais aussi dans différentes manifestations, par des ventes de sacs.

Poursuivant sa fuite avant, le sous-traitant LASER a finalement prononcé le licenciement du camarade Kader, procédure bien entendu contestée car abusive et non fondée. Pour autant, cette répression n’a pas freiné l’action collective de l’équipe syndicale qui a poursuivi la grève.

Refusons le dumping social des marchés publics…

De nombreux rassemblements ont été organisés pour visibiliser la lutte des grévistes, montrer la solidarité et mettre l’Agence régionale de Santé (ARS) et plus largement l’État face à ses responsabilités. Il est particulièrement inadmissible que le groupement d’achats publics choisisse des entreprises sous-traitantes proposant les prix les moins élevés, sans se soucier des répercussions sur les travailleurs·euses ni du respect le plus élémentaire du droit du travail. Le cas de l’ARS n’est pas isolé. À la suite du mouvement, des salarié·es sous-traité·es victimes des mêmes abus par LASER sur d’autres sites publics ont contacté le syndicat.

L’Agence Régionale de Santé est aussi responsable de la situation en participant au dumping social de la sous-traitance. Nous rappelons que les risques psycho-sociaux comme les conditions de travail dégradées sont des facteurs aggravant pour la santé des travailleurs·euses !

Sur le fond, il est plus que jamais temps de mettre fin au système de maltraitance de la sous-traitance, qui permet par I’externalisation de traiter comme des kleenex, des salarié-es qui travaillent parfois depuis des années sur ces sites publics et devraient bénéficier des mêmes droits et protections statutaires que les autres travailleurs·euses du secteur !

Près de 100 jours de grève avec deux victoires à la clé

Après des dizaines de jours de grève, les agent·es de nettoyage sous-traité·es de I’ARS Paca ont remporté une importante victoire. Le sous-traitant LASER et leurs complices de la centrale de marché publique sont finalement écartés du marché ! La direction de I’ARS Paca a officiellement notifié la résiliation, au 01er juillet 2022, de la convention pour la passation du marché de sous-traitance du nettoyage. Dorénavant, c’est directement l’ARS qui prendra la responsabilité du choix des prestataires de nettoyage.

Cette victoire est exemplaire du combat des invisibles de le Propreté qui ne se laissent plus exploiter en silence par le patronat du nettoyage, véritables esclavagistes des temps modernes. Ce sont eux qui vont dégager face à la détermination des grévistes !

Cette victoire est aussi exemplaire de la force de la solidarité de classe. Alors que la sous-traitance divise les communautés de travail, le mouvement à I’ARS s’est au contraire caractérisé par le fort soutien des agent·es et syndicats du donneur d’ordre avec les agent·es sous-trait·és travaillant depuis des années dans les mêmes locaux.

Cette victoire est symboliquement forte alors que le secteur public est loin d’avoir des pratiques exemplaires dans la gestion de la sous-traitance. Le dumping social de la sous-traitance avec une logique de compression des droits des salarié·es pour des marchés à bas coûts, doit cesser !

D’autre part, les salarié·es sont resté·es en grève jusqu’à la signature d’un protocole d’accord pour mettre fin au conflit avec la satisfaction de toutes les revendications de l’équipe syndicale en lutte. Il n’était pas question de reprendre le travail dans le contexte de répression par les délinquants patronaux de LASER qui cherchaient par tous les moyens à sanctionner les travailleurs·euses qui ont osé leur tenir tête.

Les agent·es de nettoyage en grève à l’ARS Paca ont finalement obtenu la victoire contre LASER avec le maintien des effectifs d’origine sur le site, le retour des personnels mutés et la réintégration de notre camarade Kader dont le licenciement a été annulé. Sans oublier que les heures supplémentaires et autres rémunérations en souffrance avant la grève ont été reconnues pour être payées.

Avec cette belle victoire, les invisibles de la propreté montrent encore une fois que la solidarité et la lutte collective sont indispensables pour faire respecter la dignité ouvrière.

Sur la base des communiqués de la CNT-SO France

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