Santé critique – Juillet 2012
Beaucoup de bras pour si peu de paie
Ils assurent la sécurité
Ce sont eux, les hommes de garde, qui assurent une bonne partie de la sécurité de l’hôpital durant les soirs, les nuits et les week-ends. Pour y arriver, ils doivent accepter un travail irrégulier, maîtriser des directives nombreuses, les adapter à des réalités changeantes et imprévues et exercer beaucoup de métiers.
Mais la direction du CHUV a beaucoup de mal à reconnaitre ce travail indispensable. Elle a beaucoup de mal surtout à le payer convenablement.
Ils connaissent bien des métiers
Être homme de garde c’est consacrer huitante à nonante soirées, nuits et week-ends à garantir que tout roule, à répondre quand il y a des problèmes. C’est accomplir des interventions qui mobilisent des savoirs et des métiers très divers. L’homme de garde doit pouvoir intervenir sur les questions de:
chauffage, ventilation, menuiserie, serrurerie, électricité, plomberie, ascenseur
et en général toutes les questions techniques.
L’homme de garde doit aussi guider et accompagner les pompiers notamment en cas d’alerte feu, mettre en route et assurer tout le dispositif. C’est peu dire que l’homme de garde est polyvalent. Il faut ajouter que son activité implique de grandes responsabilités et des missions de conduite.
Directives et piquets ne suffisent pas
Contrairement à ce que la direction prétend, il ne suffit pas d’appliquer des directives et des procédures. Il ne s’agit pas non plus d’un travail lié aux connaissances d’un seul CFC. La charge de travail des hommes de garde et la pénibilité spécifique de leur activité n’est pas compensée par la possibilité de faire appel à des piquets.
Les directives, il faut sans cesse les apprendre et les réapprendre. Certaines sont très bien faites, d’autres moins. Elles demandent toutes à être réinterprétées et adaptées à des situations d’urgence. Quand l’homme de garde intervient, et il le fait seul, il doit faire face à des situations où, par définition, il doit prendre les premières décisions, les plus urgentes, celles dont la portée est décisive. Et durant de longues minutes, cela peut aller jusqu’à une heure, l’homme de garde doit faire face et agir. Si les connaissances pour un problème de gaz, d’eau, d’électricité ne sont pas là, ni les directives, ni les piquets ne permettront de répondre à l’urgence.
Alerte au feu
Les interventions sont diverses. Et toutes sont cruciales. Par exemple sur la question décisive de l’alerte feu, l’homme de garde est pompier d’entreprise. C’est une énorme responsabilité. Elle n’est que difficilement reconnue et pas du tout payée.
Le métier d’homme de garde c’est le recours à plusieurs métiers. C’est la confrontation avec des situations de risque et d’urgence. Ce métier exige non seulement, comme nous l’avons dit, une grande polyvalence, mais il a aussi une grande pénibilité spécifique.
La direction du CHUV est un peu dure d’oreille Tout cela, la direction du CHUV a beaucoup de mal à l’entendre. Qu’offre-t-elle comme salaire et comme classification aux hommes de garde? Un début en classe 5, un passage en classe 6 après la fin de la formation. C’est complètement insuffisant autant pour reconnaître la polyvalence que la tension subie, les horaires variables qui affectent la vie des travailleurs et de leur famille, le risque, la solitude, l’intensité de la mobilisation exigée.
Quelques éléments de comparaison permettent d’éclairer la classification injuste des hommes de garde. Par exemple, les centralistes de prisons qui s’occupent de la sécurité d’accès et de sortie ainsi que de la communication, sont classés en 8. A n’en pas douter, ce que le système paie, c’est l’intensité et la pénibilité de ce travail. Un technicien-électronicien de maintenance au centre d’entretien électromécanique de la Blécherette est payé en classe 9. La qualification de base demandée est le CFC.
La direction du CHUV ne peut pas continuer à faire la sourde oreille et à sous-évaluer la prestation de travail des hommes de garde. On ne peut vouloir bénéficier des prestations de la déesse Shiva, avec beaucoup de bras, beaucoup d’outils, beaucoup de métiers, et ne pas payer le salaire juste.
Que demandent les hommes de garde?
Ils veulent une classification qui corresponde à leurs savoirs et à leur engagement:
• la classe 6 pour les gardiens juniors,
• la classe 7 pour les gardiens confirmés (après une année),
• la classe 8 au bout de dix ans,
• la classe 9 au bout de quinze ans.
Ils demandent que cette progression de classe soit automatique et garantie à chacun. Elle constitue le salaire juste du savoir, du risque, de l’intensité et de la pénibilité du travail. Ce n’est pas cher payé pour bénéficier des services de Shiva aux multiples bras. Il est vraiment temps que la direction générale du CHUV cesse de mégoter, comprenne, et surtout paie.