Nous reproduisons ci-dessous un texte de Pierre-Yves Maillard paru en 1998 dans « Les huitantes ans de la grève générale », édité par le parti socialiste lausannois. Les passages mis en évidence sont de nous.
Nous en avons fait une version en PDF que vous pouvez télécharger, imprimer et afficher sur vos lieux de travail.
La grève, manifestation de liberté
Pierre-Yves Maillard
La grève est une libération. Elle est une affirmation de force et de dignité. Elle est un affranchissement radical à l’égard de la domination matérielle et culturelle imposée par un système construit sur l’injustice.
Aujourd’hui comme hier, le système capitaliste oriente et redistribue inéquitablement sans conscience et sans respect de l’avenir, les fruits de l’activité et de l’ingéniosité humaines. Au moment où la publicité proclame le droit universel au téléphone portable, le minimum n’est pas assuré à tous. Eau potable, alimentation suffisante, accès à l’éducation, protection de la santé: la société n’assure ces droits élémentaires qu’à peine à la moitié de la planète. Aujourd’hui comme hier, les enfants travaillent et une vie de labeur ne donne pas les garanties d’un repos digne en fin de parcours.
La richesse roule encore et toujours sur elle-même; elle grossit du travail du plus grand nombre sur les écrans des gestionnaires de fortunes.
Après une brève parenthèse de progrès social, le capitalisme reprend son cours effréné. La nécessité d’une résistance radicale devient donc urgente. Cette résistance se cristallise dans la notion de grève: grève du travail pour qu’apparaisse au grand jour la véritable source des richesses produites, grève de la consommation des subtils bourrages de crâne médiatiques et publicitaires, grève de la lutte de chacun contre tous. Produire son propre discours, discuter le fonctionnement global de la société, parler de la place laissée aux femmes, aux étrangers, se libérer un instant des contraintes du quotidien: il faut la grève pour conquérir cet espace de liberté et d’autonomie ; sans elle, la gauche et les syndicats n’arriveront à rien d’important.
La grève générale aura eu huitante ans l’année où le canton de Vaud a vécu un mouvement de grève générale de la fonction publique. La grève est libérée, qu’elle revienne donc, qu’elle enrichisse nos moyens de lutte, qu’elle gagne nos têtes, qu’elle ouvre à nouveau le champ des possibles.