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Depuis des années, systématiquement, le Conseil d’Etat poursuit une politique de démantèlement du service public, de réduction et d’appauvrissement de ses missions et de ses moyens, de dégradation des conditions de travail et de baisse des effectifs. Le gouvernement employeur et subventionneur a fini par user jusqu’à la corde et ruiner la santé des travailleurs·euses qui tombent malades ou démissionnent et partent.
L’Etat employeur-subventionneur, au mépris des besoins sociaux, ruine le service public et les entités subventionnées car il veut imposer une « répartition de la richesse », notamment par la politique fiscale et austéritaire, au service des minorités privilégiées.
Dans ce cadre, l’Etat s’attaque désormais au dispositif salarial, avec ses deux piliers, l’indexation d’une part, la classification et les annuités de l’autre. Ces deux éléments ne constituent pas des dispositions automatiques intégrales. En fait, l’Etat a les moyens de les limiter, de les parcelliser et de les réduire. De fait, il l’a largement fait par le passé. Mais il est dans une nouvelle donne stratégique. Il veut maintenant précariser le tout de manière pérenne.
La nouvelle stratégie commence par l’indexation 2023. Dans un contexte d’inflation de 3% selon l’IPC, de 5% en termes de renchérissement total, le Conseil d’Etat assigne une indexation de 1,4% et une prime de 0,8%, sans paiement des charges sociales et du deuxième pilier pour les classes 1 à 10 de la fonction publique étatique, soit 25’000 salarié·es. 30’000 travailleurs·euses des secteurs subventionnés, social et santé, et tous·tes les employé·es de l’Etat, dès la classe 11, en sont exclu·es. Cela fait plus de 45’000 travailleurs·euses. Peut-être davantage.
Mais la situation est beaucoup plus grave que cette attaque contre l’indexation 2023. Le Conseil d’Etat entend remettre en cause le principe même de l’indexation intégrale. Autrement dit, il a une stratégie de baisse structurelle de nos salaires réels. Or, après l’attaque contre l’indexation, viendra l’agression contre les annuités. Pour les baisser, elles aussi, il existe une base légale. Et à n’en pas douter, le Conseil d’Etat veut casser l’automaticité du système d’annuités.
Enfin, il s’amorce un mouvement de remise en cause des classifications. Ici ou là, des collectifs ou des travailleurs·euses isolé·es voient leur classification baisser. Et ce mouvement va s’étendre.
Ce sont les mobilisations qui ont (un peu) grippé la machine. Le Conseil d’Etat a été obligé de concéder ce qu’il nomme une « compensation » salariale face au renchérissement et à l’indexation mutilée de 1,4%. Il s’agit des 15 millions, en une seule prime, pour une seule année (2023), payés en 2024 et relevant du budget de cette année-là. Soit, pour les 70’000 employé·es concerné·es une somme de 214.- francs par an, ou de 16,50 francs par mois.
Le Conseil d’Etat en rajoute d’ailleurs une couche en précisant que dans les années à venir une telle prime de misère pourrait se répéter. Quelle est la clé de cette provocation ? C’est que le Conseil d’Etat n’entend plus payer l’indexation ordinairement prévue par les dispositions légales (qu’il peut limiter ou liquider selon son bon vouloir moyennant consultation des organisations du personnel), qu’il veut la réduire (sans doute à 1%) et éventuellement atténuer un peu la portée d’une telle attaque par une prime précaire et à bien plaire.
15 millions cela représente moins de 0,1% de compensation pour les 70’000 travailleurs·euses du public et du subventionné.
Cette offre de compensation est non seulement une insulte mais une humiliation. C’est pour cela que les délégations syndicales, FSF, SSP et SUD ont quitté la négociation le 22 mars.
Le Conseil d’Etat sait, comme nous, que c’est le rapport de forces qui est décisif. Notre mobilisation peut faire bouger les lignes du possible et lui imposer des concessions nouvelles. Prochain round.