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L’intolérable situation des assistant∙e∙s à l’intégration

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Lettre ouverte aux nouvelles autorités cantonales vaudoises

28 juin 2022 (jour d’assermentation des autorités cantonales)

Mesdames les Conseillères d’Etat, Messieurs les Conseillers d’Etat,

Mesdames les députées, Messieurs les députés,

Nous vous adressons la présente lettre ouverte à l’occasion de votre cérémonie d’installation et d’assermentation. Nous profitons de cette échéance pour vous féliciter de vos élections respectives. Un texte du même ordre que celui que nous vous remettons aujourd’hui a été envoyé à Monsieur le Conseiller d’Etat Frédéric Borloz, le 7 juin 2022, en espérant qu’il en prendra connaissance à son entrée en fonction.

Ecole inclusive, assistant∙e∙s exclu∙e∙s

Nous traitons ici de la situation des assistant∙e∙s à l’intégration, collectif essentiellement composé de femmes, qui prennent en charge les enfants en situation difficile dans l’école vaudoise et qui constituent, dans le dispositif « 360° », un acteur central.

L’évolution de la situation dans ce secteur confirme, malheureusement, toutes les craintes et les problèmes dont nous avons fait part depuis des années au Département, autrefois DFJC, et à sa Direction générale de l’enseignement obligatoire, DGEO.

L’employeur public, dans sa nouvelle composition, doit prendre des mesures pour améliorer la déplorable situation qui s’est imposée au cours des années passées. Malgré de très nombreuses démarches, menées par le passé, le Département et la DGEO ont semblé ignorer délibérément le problème, attendant sans doute que le temps et la résignation fassent leur œuvre d’oubli et de mise au silence. Nous attendons que sous une autorité nouvelle, cette politique du personnel à l’égard des assistant-e-s à l’intégration change enfin.

Une précarité délibérément construite

La situation faite à ces travailleuses et travailleurs rend extrêmement difficile leur accès au chômage ou à l’aide sociale. C’est là encore une conséquence de la politique de l’emploi menée par le DFJC et la DGEO, basée sur une précarité délibérément construite et qui met à mal les conditions d’existence des personnes concernées.

Le temps de travail assigné aux assistant∙e∙s à l’intégration peut être réduit, selon la volonté discrétionnaire de l’employeur, jusqu’à six périodes hebdomadaires, ce qui représente une contraction brutale du temps d’activité maximum possible. Ce n’est là qu’un exemple de la fragilisation qui s’impose à ce collectif, qui tient pourtant un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’école, avec les prestations assurées aux enfants.

Un salaire qui ne permet pas de vivre

La question des salaires est également fort grave. Le problème est simple. Même en faisant un horaire aussi étendu que possible, la rémunération obtenue par un∙e assistant∙e à l’intégration, est totalement insuffisante pour vivre. Elle n’atteint pas la moitié du salaire correspondant à la classe 5 dans la fonction publique vaudoise. De surcroît, l’organisation du travail bloque une très large partie de la journée et il est très difficile, voire impossible dans la plupart des cas, de pouvoir réaliser une seconde activité salariée.

Dans cette situation générale très difficile, notre syndicat et les assistant∙e∙s, par cette lettre ouverte, vous font part de leurs problèmes, de leurs conditions de travail et de leurs revendications.

Une vie colonisée

Le temps contraint est trop lourd pour pouvoir disposer de plages horaires qui permettent d’exercer une activité supplémentaire. L’employeur public colonise la majeure partie de la journée et n’en paie qu’une fraction réduite. Les assistant∙e∙s à l’intégration sont ainsi enfermé∙e∙s dans une situation de précarité structurelle et de difficulté matérielle. De surcroît, les conditions contractuelles, avec les possibilités de manipulation de l’horaire de travail, octroient à l’employeur public un pouvoir énorme et pénalisent encore ces salarié∙e∙s.

Tout cela signifie que les salaires que l’employeur consent sont insuffisants pour vivre. C’est là aussi un problème structurel. Il faut prendre urgemment cette question en main et lui donner une solution humaine et digne.

Nous revendiquons un salaire de type « scolaire », avec une rémunération couvrant toute l’année, suffisante pour vivre, et correspondant au travail scolaire réalisé par les assistant∙e∙s à l’intégration. Cette rémunération doit tenir compte du cadre contraint en matière d’horaire et d’organisation de travail auquel ces personnes sont soumises.

Des contrats et des chaînes

A ces problèmes de temps contraint, de précarité et de salaire, s’ajoute une autre question qui fait l’objet de nombreuses interpellations de la part des salarié∙e∙s. Il s’agit de la pratique des CDD à la chaîne et du non-aboutissement pour la conclusion de CDI. Nous demandons aux autorités concernées une discussion de fond sur cette question aussi. En effet, comme nous l’avons déjà affirmé à plusieurs reprises, nous pensons que les services du Département impulsent, volens nolens, une politique de précarisation des statuts de travail des assistant∙e∙s à l’intégration, avec la recherche du maintien à tout prix d’un secteur de main d’œuvre tenu dans une situation de fragilité.

Sur ce dernier élément aussi, il faut également des changements significatifs et rapides. La stabilisation et la sécurisation de l’emploi, indissolublement liées à la généralisation des CDI, demandent un certain nombre de mesures urgentes.

Sur toutes les grandes questions que nous énonçons dans cette lettre ouverte, nous vous demandons d’user de vos pouvoirs et compétences pour faire justice aux revendications des assistant∙e∙s à l’intégration aussi rapidement que possible. Nous tenons à vous dire aussi que, pour notre part, les problèmes et les revendications énoncés feront l’objet d’une campagne syndicale d’information et de mobilisation. Nous interpellerons systématiquement les milieux et les instances, dont vous êtes, et qui sont partie prenante de la situation faite aux assistant∙e∙s à l’intégration.

Nous vous remercions de ce que vous ferez sur la question exposée dans la présente lettre ouverte et vous prions d’agréer, Mesdames les Conseillères d’Etat, Messieurs les Conseillers d’Etat, Mesdames les députées, Messieurs les députés, nos salutations respectueuses.

Fédération syndicale SUD

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