En date du 15 mars 2013, la FSF a émis un communiqué intitulé
«Négociations sur la Caisse de pensions. Ne pas mobiliser sur des contre-vérités!».
Chacun⋅e sait que nous ne sommes pas très friand⋅e⋅s des polémiques intersyndicales étalées sur la place publique. Comme l’écrivait très justement le nouveau secrétaire général de la CGT française, Thierry Lepaon à propos des divisions et des polémiques dans le mouvement des travailleurs/euses dans le pays voisin: «Nous ne leur ferons pas le plaisir (aux employeurs) d’une guerre des organisations syndicales représentatives de salarié⋅e⋅s qui ne laisserait qu’un champ de ruine sur lequel danserait le patronat (pour nous le Conseil d’Etat) sous le regard médusé des salarié⋅e⋅s ».
C’est donc avec la plus grande mesure que nous répondons aux propos de la FSF.
1. Les négociations dans leur matière et dans leur périodicité, comme dans l’évolution des positions de l’employeur, sont directement déterminées à la mobilisation des salarié⋅e⋅s du secteur public. La FSF n’a rien fait pour cette mobilisation si ce n’est lui poser quelques obstacles. Comme nous l’avons déjà dit et expliqué, la Convention Conseil d’Etat-seule FSF est une pure déclaration d’intention qui ne peut effectivement avoir de portée que par la nouvelle loi sur la CPEV et le règlement de la Caisse que devra élaborer son Conseil d’administration. Que la FSF ne perçoive pas l’importance et l’impact des mobilisations qui se déroulent sous ses yeux est son problème.
2. La FSF, par un de ses dirigeants, nous a promis de monter sur les barricades voire d’en ériger si le Grand Conseil péjorait la Convention. Cette menace d’érection manque singulièrement de crédibilité et ressasse les proclamations «retenez-moi ou je fais un malheur» de cette organisation. Et bien, chers/chères ami⋅e⋅s, personne ne vous retient. Il est malheureusement tout à fait probable que des forces importantes du Grand Conseil vont attaquer le déjà très mauvais accord que vous avez signé. Alors, érigez!
3. La FSF nous explique que le rachat à 100% de l’augmentation pour changement de classe (qu’elle appelle «contribution de rappel») évite que les cotisations des employé⋅e⋅s aux carrières «plates» paient la retraite de celles et ceux qui bénéficient d’un changement de classe. Il faut tout d’abord dire à la FSF et à son organisation enseignante, la SPV, qu’une mobilisation combative, sans forcément procéder à l’érection de barricades, permettrait peut-être aux personnes ayant des carrières «plates» de décrocher un changement de classe. Par ailleurs, il importe de rappeler à la FSF qu’un très grand nombre de catégories de travailleurs et de travailleuses, y compris dans les zones de bas salaires, ont décroché ou sont en train d’obtenir des changements de classe (passages du niveau 3 au niveau 4 ou du niveau 4 au niveau 5, par exemple. La Convention FSF implique de baisser leur salaires et de péjorer leur retraite.
4. Avec la mesure de rachat à 100%, le Conseil d’Etat pille sur le dos des salarié⋅e⋅s qui changent de classe plus de 370 millions. Nous nous sommes adressé.e.s à l’employeur et à la Caisse pour savoir sur qui et à quelle hauteur, exhaustivement, sont prises ces sommes. Pour sortir de sa culture catégorielle, la FSF ferait tout aussi bien de demander les mêmes informations et de les intégrer à son raisonnement.
5. Elle devrait d’autant plus réfléchir que parmi les collectifs qui constitueraient sa base syndicale il y a beaucoup de monde affecté par les changements de classe possible. La FSF a donc signé une Convention qui frappe les salarié⋅e⋅s de sa propre base à hauteur de milliers de francs pour chaque situation de changement de classe. Gendarmes, policiers, agents pénitentiaires (qui ne sont pas tous/tes et de loin à la FSF) et infirmiers/ères bénéficient de changement de classe. Ils/elles doivent racheter ces changements à 100%, c’est-à-dire au mépris du financement paritaire, obligatoire d’un point de vue légal, pour les cotisations de deuxième pilier.
6. Toujours dans son communiqué, la FSF nous apprend que le rachat pour les changements de classe finance la perte potentielle de l’employeur faisant passer les coupes sur les rentes de 25% à environ 6%. Le 6% reste toujours à prouver. Mais il y a une chose fort claire. L’employeur a financé sa principale concession en faisant passer une coupe sur nos salaires et sur nos rentes d’un point à l’autre de sa manœuvre. Dans un premier mouvement il n’y avait pas de rachat des changements de classe mais une rente calculée sur 38 ans de carrière. Dans un 2e temps la rente est calculée sur 12 ans seulement mais en introduit le rachat à 100%. Et la FSF fait à la fois le guet et le crieur public de cette opération.
7. La FSF donne à entendre qu’il y aurait des gens ou des syndicats opposés à ce que les salarié⋅e⋅s du secteur public dans des situations de grande pénibilité ou œuvrant dans des emplois dangereux, puissent prendre leur retraite un peu plus vite, c’est-à-dire à 60 ans. Nous ignorons à qui la FSF fait allusion. Certainement pas à SUD. Nous n’avons pas l’habitude de promouvoir la concurrence ou la guerre entre collectifs de salarié⋅e⋅s pour rendre plus aisée la manœuvre de l’employeur. La situation est claire. Il y a une retraite différenciée. Cette retraite différenciée est une mesure particulière qui doit avoir un financement particulier. Ce caractère particulier de la mesure et de son financement est un élément d’ordre légal, lié à un texte que le Conseil d’Etat doit appliquer. Ce même Conseil d’Etat doit à la Caisse de pensions près de 2 milliards liés à des prestations que l’exécutif a imposées à la Caisse sans le financement adéquat. Il suffirait que le gouvernement rembourse cette somme pour que les marges de manœuvre dans la Caisse soient notoirement élargies.
8. De surcroît, SUD a commencé à intervenir pour aller chercher, départements par départements, métier par métier, des mesures salariales et/ou de temps de travail qui permettent de compenser ou d’annuler les attaques liées au Plan CPEV, et notamment l’obligation du rachat à 100%. En attendant d’ériger des barricades, la FSF pourrait tout aussi bien faire quelque chose pour défendre les éléments de sa base qui peuvent aspirer à des changements de classe salariale.
9. Ce que SUD n’acceptera par contre jamais c’est qu’une organisation qui revendique explicitement une démarche catégorielle et porte tout aussi explicitement des attaques contre l’ensemble du salariat public et contre d’autres groupes de travailleurs/euses, prétende signer au nom de toutes et tous. Ce que nous combattrons toujours c’est que des dispositions aussi défavorables aux travailleurs/euses que celles dont nous payons aujourd’hui le prix dans la CPEV soient encore dégradées et piétinées.
10. Il est juste que les catégories à forte pénibilité (qu’il s’agit de définir) ou à situation de risque important, puissent bénéficier de conditions plus favorables. On n’y arrivera pas en promouvant la guerre entre salarié.e.s mais en construisant un rapport de force qui arrache cette revendication, car elle est juste.
11. Par ailleurs, nous faisons remarquer à la FSF que la durée moyenne de carrière du personnel infirmier est courte et que ce dont il s’agit, ce n’est pas de la retraite à 60 ans mais bien des conditions et le montant de libre passage. Pour le personnel pénitentiaire, on pourrait se demander qui peut effectivement bénéficier d’un départ à 60 ans avec une rente pleine avec 38 ans de cotisation. Pour ces catégories, la documentation et les chiffres sont naturellement indispensables. Nous les avons demandés.