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Revendiquons ensemble!

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La vie professionnelle n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut pouvoir connaître ses droits, se faire assister, être défendu⋅e et informé⋅e. Il y a parfois des problèmes avec les directions, il y a aussi des problèmes sérieux avec les familles et les élèves. Le syndicat sert d’abord à connaître ses droits, à pouvoir les défendre. Nous revendiquons que la hiérarchie informe systématiquement les enseignant⋅e⋅s de leurs droits d’être accompagné⋅e⋅s, assisté⋅e⋅s et défendu⋅e⋅s, par une communication ad hoc.

L’enseignant⋅e est dans une situation de fragilité. C’est le seul métier avec une année de temps d’essai au bout duquel on peut poursuivre la carrière, ou s’en voir interdire l’accès. Nous revendiquons qu’au bout de ce temps d’essai, chaque enseignant⋅e puisse accéder à un dossier complet sur la décision, avoir un droit de recours et se voir offrir une possibilité de remédiation par l’accès à une seconde année probatoire.

Dans le degré primaire, l’enseignement est un métier majoritairement féminin. Il y a beaucoup de temps partiels, parfois contraint. Or le temps partiel fragilise, n’offre que des rémunérations restreintes, réduit les montants des retraites. De surcroît, les changements dans la vie personnelle, avec les difficultés qu’ils entraînent, rendent souvent impossible la poursuite d’un temps de travail réduit. Nous revendiquons le droit de changer très rapidement de pourcentage de travail, y compris le passage à des postes à 100% pour les personnes qui voient leur situation changer et veulent pouvoir travailler davantage.

Le temps partiel provoque un risque d’émiettement de la professionnalité. L’employeur peut trouver bien des avantages à éclater les postes, affaiblissant du coup les parcours de carrière, et la constitution de l’expérience et des savoirs, introduisant aussi une précarité statutaire, salariale et sociale. Nous revendiquons qu’une norme indicative soit établie, faisant d’un emploi entre 50 et 100% le type ordinaire de poste.

Il y a des duos, parfois des trios pour une classe. Quand tout va bien entre les enseignant⋅e⋅s concerné⋅e⋅s, pas de problème. Mais quand cela dysfonctionne, les gens se retrouvent parfois prisonniers/ères les un⋅e⋅s, les autres. Nous revendiquons une facilitation des changements de poste et des transferts quand des problèmes se posent.

Dans le degré primaire, le métier est presque toujours féminin. Il faut donc un syndicalisme féministe pour veiller à la conquête d’une égalité professionnelle effective. Elle exige que la condition particulière des femmes enseignantes soit reconnue et prise en compte. Division inégale des tâches ménagères et familiales, temps partiel, fragilités salariales et sociales, tout cela doit être compensé dès maintenant, en avançant vers un mieux égalitaire. Nous revendiquons donc immédiatement l’introduction d’un bonus éducatif de deux ans pour les cotisations LPP, à charge de l’employeur, afin que les femmes enseignantes puissent partir plus vite à la retraite, avec de meilleures pensions.

2015-02-23-ee28 périodes de travail c’est trop. L’égalité de traitement entre les enseignant⋅e⋅s des divers ordres est la simple justice. Elle exige un passage à 25 périodes. C’est que nous revendiquons. Il faut ajouter à cela un nouveau calcul du travail enseignant, avec l’introduction d’un forfait incompressible pour les tâches d’organisation, administratives et de suivi de la vie scolaire. Nous revendiquons que ce forfait incompressible soit accordé à tous et toutes les enseignant⋅e⋅s quelques soit leur taux d’activité.

Combien de temps doivent travailler les enseignant⋅e⋅s? Systématiquement, de manière plus ou moins sournoise mais permanente, la hiérarchie et nos dirigeant⋅e⋅s tentent de nier qu’une partie du travail enseignant relève du temps librement géré. Hormis les périodes où les écoles sont ouvertes, les enseignant⋅e⋅s gèrent leur travail librement, de manière autodéterminée et sans avoir à rendre compte. De plus, ils/elles bénéficient de vacances, à égalité avec les autres employé⋅e⋅s de la fonction publique.En d’autres termes, durant les vacances scolaires, nous ne nous devons qu’aux tâches que nous nous sommes fixé⋅e⋅s et que nous avons organisées librement. Nous refusons tout allongement du temps de travail par expropriation du temps librement géré. Nous revendiquons la garantie de ce temps librement géré.

Le métier use et souvent épuise. Le congé sabbatique qui devait compenser la baisse à 41 h 30 de l’horaire des autres salarié⋅e⋅s du service public est offrir une respiration bienvenue dans notre carrière, n’est pas suffisant. Il est chichement accordé, corseté dans une infinité d’obligations et de rituels, dans une culture de défiance et de «contrôlite». Nous revendiquons l’introduction d’une semaine par an à la libre disposition des enseignant⋅e⋅s, sans avoir à rendre compte ni à répondre à des obligations. C’est là une mesure indispensable de ressourcement.

Nous ne voulons pas d’une école-entreprise avec des pouvoirs surdimensionnés à des directeurs/trices entrepreneurs. Nous refusons une école qui fonctionne sur des mécanismes de contrôle à coup d’entretiens d’évaluation qui augmentent chaque année notre charge de travail et nient notre vie professionnel et notre expérience. Nous refusons les visites disciplinaires, mécaniques, répétées, ayant pour but de construire et de répéter l’autorité et le commandement. Nous combattons aussi les cahiers des charges, véritables listes destinées à faire pression et à augmenter notre charge de travail et de pénibilité. Nous revendiquons une école organisée dans le respect des savoirs et des qualifications du corps enseignant. Nous revendiquons aussi des équipes de direction qui agissent essentiellement sur le terrain professionnel et pédagogique, pour aider, pour soutenir, pour apporter des savoirs. Nous ne voulons pas de chefferie qui n’ait d’autre but que de produire et de reproduire du pouvoir au lieu de faire école. Nous n’avons pas besoin de managers, mais de directions soutenantes pour le travail enseignant.

La professionnalité doit être renforcée. Par la voie de formations complémentaires reconnues comme temps de travail et par la validation d’acquis et d’expériences, chacun⋅e doit pouvoir accéder aux masters, avec une classification en 11 cliquet* 12. Dans cette dynamique, nous revendiquons immédiatement la reconnaissance du diplôme HEP comme titre de Bachelor universitaire, ouvrant le droit à des équivalences et à l’accès libre à toutes les formations supérieures, HES ou universités.

Sur le plan salarial, l’introduction du cliquet* et le passage en classe 10 pour celles et ceux qui sont actuellement au niveau 9 est une mesure d’évidente justice et d’élémentaire égalité de traitement. Nous revendiquons pour toutes les maîtresses/maîtres du degré primaire ce cliquet.

Quand les enseignant⋅e⋅s font l’objet de plaintes ou de dénonciations, elles/ils l’ignorent trop souvent et demeurent démuni⋅e⋅s. Toute plainte ou dénonciation versée au dossier personnel, même sans suite, doit être communiqué à l’enseignant⋅e. Il en va du droit d’être entendu⋅e. Nous revendiquons que toute plainte ou dénonciation qui n’est pas instruite soit retirée du dossier personnel et que l’enseignant⋅e soit précisement informé⋅e du suivi et du pilotage de son dossier personnel dans ce type de situation.

2015-02-04-eeLes enseignant⋅e⋅s supportent souvent des plaintes injustifiées, des dénonciations déraisonnables, des pressions et, parfois, du mobbing ou du harcèlement sexuel. Quand cela arrive, trop souvent, les enseignant⋅e⋅s (presque toujours les enseignantes) doivent faire face seul⋅e⋅s. Fréquemment, la charge de la preuve repose sur elles/ils. Nous revendiquons que le département et les directions générales, quand les enseignant⋅e⋅s sont attaqué⋅e⋅s ou harcelé⋅e⋅s, s’engagent effectivement à leurs côtés. Qu’ils mettent à disposition des moyens et des ressources juridiques, qu’ils fournissent les appuis humains et matériels nécessaires et qu’ils s’engagent à défendre la réputation et l’honorabilité des maîtres et des maîtres, comme c’est d’ailleurs l’obligation légale de l’employeur.

L’école vaudoise est à la fois sélective, conservatrice et austéritaire. Nous voulons une école ouverte sur le monde et qui ne limite pas son ouverture à l’entreprise. La vie ne se réduit pas à l’emploi et les élèves ne sont pas simplement de la future force de travail. Nous refusons qu’une grande partie des enfants soit au plus vite privée de certains savoirs, limitée dans sa construction intellectuelle et dans son apprentissage. Nous voulons une école qui, de la manière la plus égalitaire possible, ouvre à tous les enfants les grands savoirs et les grands langages, en inventant les manières d’apprendre adaptées à chacun⋅e, permettant la construction intellectuelle de toutes et tous, avec un enseignement polytechnique, basé sur des pédagogies coopératives et émancipatrices. Nous revendiquons une école pour toutes et tous jusqu’à 18 ans, libre, émancipatrice et critique, portée par l’ambition de faire passer autant de savoirs et de connaissances que possible, sans renoncer devant les difficultés et les inégalités sociales, sans accepter que la sélection barre la route à la connaissance.

Les réformes introduites dans l’école vaudoise, parfois sous un vernis progressiste et ouvert, sont en fait verticalistes, caporalistes, orientées vers la sélection sociale et scolaire. Tout à fait régulièrement, pour mettre en route un certain nombre d’orientations et de projets, il manque du temps, de la formation, un effort sur le long terme avec les moyens indispensables. C’est d’évidence le cas pour l’intégration des enfants «difficiles» dans les classes. Les enseignant⋅e⋅s n’en peuvent plus, qu’ils/elles soient en front de classe ou en appui. Les enfants ne sont pas suffisamment pris en compte et intégrés. Au lieu de mettre les moyens, on donne la prééminence à une politique austéritaire qui disqualifie une tentative qui sans aucun doute mérite mieux. Nous revendiquons que l’intérêt humain et pédagogique, pour les enseignant⋅e⋅s comme pour les élèves, soient mis au premier plan par le pouvoir politique et que les moyens nécessaires soient urgemment débloqués.

*Le cliquet c’est le passage après 15 ans d’activité reconnues dans la classe supérieure.

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